ENTRETIEN

Informations annexes au site

Entretien avec les docteurs Sophie FRESSARD, Véronique JULOU, et Yann HORS gynécologue-obstétriciens

Qu'est ce que l'infécondité?

La définition de l’infécondité est simple : « l’infécondité définit le fait de ne pas procréer pour un couple donné, dans un temps donné. »

L’infécondité est-elle une pathologie?

Un couple peut être infécond sans le savoir s’il n’exprime pas son désir d’enfant et vivre tout à fait normalement sa vie sans conscience de cet état d’incapacité à procréer.
Par contre, ce même couple s’il exprime son désir d’enfant mettra en évidence son infécondité et celle-ci deviendra pathologie. C’est donc le désir inassouvi d’enfant qui fait de l’infécondité une pathologie.
Allons un peu plus loin dans la définition de « infécondité-pathologie». L’infécondité détermine soit la pathologie du couple, soit celle des individus le constituant.
Premier cas de figure : un couple ne devient pas parents et pourtant le bilan de chacun des membres le constituant est normal, non pathologique. C’est donc le couple précis qui porte la pathologie de son infécondité.
Deuxième cas de figure : un couple ne devient pas parents et le bilan de chacun des membres le constituant met en évidence une ou plusieurs pathologies.
Dans cette situation, l’infécondité représente le symptôme d’une pathologie parfois grave (cancer, malformation utérine, endométriose, maladie génétiquement transmissible, hépatites virales, HIV, infections pelviennes…) qui sera prise en charge par l’AMP et/ou d’autres partenaires spécialistes.

L’AMP est-elle un luxe?

Il va de soi et vous vous rendez compte que l’AMP n’est pas un luxe mais un devoir d’assistance à « non procréant » en danger. Dans le premier couple infécond composé de deux êtres en bonne santé, l’AMP a sa place pour les aider à procréer sans les rendre malades.
Dans le deuxième cas, l’AMP a sa place bien sûr pour les aider à procréer (c’est son rôle premier) par ses techniques spécifi ques, à condition qu’elle diagnostique, traite, guérisse leur(s) maladie(s) avant d’aborder FIV inséminations, dons de sperme, d’ovocytes, accueils d’embryons…
Dans ce registre de pathologie-infécondité liée à l’individu, l’AMP doit aussi se préoccuper du bien-être général de chacun dans le dépistage et prise en charge par exemple des conduites addictives (drogues, alcool, tabac), excessives (alimentaires, sportives) ou au contraire insuffi santes (alimentaires)… Cela peut représenter une longue période avant d’obtenir une amélioration de tous ces paramètres et dans ce domaine, les couples ont besoin de tous les professionnels de santé, médecins traitants, addictologues, endocrinologues…
Je n’oublie pas dans tout ce parcours le soutien émotionnel que peuvent apporter aussi psychologues, acupuncteurs, hypnotiseurs. Le corps et l’esprit sains sont des atouts pour une meilleure fertilité spontanée, et a fortiori pour une procréation assistée. L’équipe soignante devient responsable avec les parents de l’arrivée d’un enfant, elle doit donc s’assurer qu’elle survienne dans les meilleures conditions d’accueil possibles.

En fait, il faudrait presque faire venir à vous les jeunes adultes avant leurs désirs d'enfants ?

Oui, pourquoi pas, la prévention fait certainement partie des meilleurs garants d’un tel projet qu’est celui d’une vie, de la vie.
L’AMP, berceau de la biomédecine (médecine du vivant) est aussi marraine de la « bio-bio médecine » ! C’est offrir du bien-être pour bien naître. Ce n’est pas si simple mais cette première étape de bio-attitude est indispensable avant de se diriger vers l’hyper technicité que propose l’AMP.

Que proposez-vous justement comme techniques dans votre service, dans votre hôpital régional qui n'est pas... un CHU?

Et bien, tout finalement, en autonomie ou en coordination avec d’autres centres : diagnostics, prises en charge pluridisciplinaires.
Et comme « traitements pure AMP » : inductions avec Inséminations Intra Utérines, FIV conventionnelles ou avec ICSI, cultures prolongées d’embryons jusqu’au stade blastocystes, méthode de congélation rapide des embryons par vitrification.
Les couples en désir d’enfant, peuvent venir nous voir sans intermédiaire ou adressés par un médecin.

Comment se passe la prise en charge des couples ?

Si, grâce à notre diagnostic, la proposition de prise en charge de leur infécondité nécessite un acte technique dans un autre centre, comme le don d’ovocytes, le diagnostic préimplantatoire, la préservation ovocytaire, nous avons des liens privilégiés avec ces centres.
Ainsi, les patients suivent une filière de soins plus simple, plus rapide en maintenant un suivi avec leur équipe lorientaise de proximité qui les connaît bien. Nous travaillons en visioconférence avec plusieurs d’entre eux : Nantes, Rennes et Brest.
Lorient est à peu près à équidistance de ces trois villes universitaires et le seul centre d’AMP au milieu de ce triangle.

L’ AMP est comme une grande famille?

En quelques sortes, et cela nous aide à en construire. Oui, dans son fonctionnement, on peut dire que notre équipe à Lorient est une petite famille dans la grande famille de l’AMP.
Ses sages-femmes et secrétaires impliquées depuis de nombreuses années dans le service sont les repères de confiance des couples qu’elles reçoivent en consultations ou au téléphone avant, pendant, après les traitements pour expliquer, réexpliquer, soulager, soigner, écouter.
On ne s’aperçoit plus ou pas que biologistes, techniciennes et cliniciens viennent les uns du monde privé très public de Biolor, les autres du monde public très privé de l’AMP hospitalière.
Le travail spécifique clinique et biologique dédié à l’AMP se déroule exclusivement sur le site du CHBS (au premier étage du Pôle Femme-Mère-Enfant) nécessitant tout au long de la procédure partage et fusion des qualités de ces deux univers. Des réunions pluridisciplinaires rassemblent l’équipe autour de ces dossiers tous les quinze jours.

Qui peut y assister ?

Y participe immanquablement toute l’équipe d’AMP. Ensuite, qui veut, pourquoi pas les médecins traitants généralistes, spécialistes correspondants des patients ? Oui, nous pourrions mettre au point une information invitation à ce sujet. À nous de communiquer, les portes sont ouvertes.
À ce jour, nos couples suivis ont en leur possession tous les suivis et comptes-rendus de leurs traitements, les résultats des avis des commissions pluridisciplinaires les concernant.
Ils peuvent ainsi à tout moment en informer selon leur volonté, leurs médecins.

La notion du travail en équipe est donc majeure?

Pas majeure, indispensable, l’AMP ne peut exister qu’avec biologie et clinique fusionnées.
Ici, la fusion est un préalable à tout, l’enfant naîtra de celle des compétences, celle du couple, celle des cellules, de l’imprévu et de l’opportunité.